lundi 22 octobre 2007

Le grand baobab

Bonjour à tous,
Tout d'abord merci à vous de suivre l'aventure, ça fait vraiment plaisir de sentir qu'il y a du suivi de votre côté et que vous laissez des commentaires, génial ! , continuez et répendez l'info, ça donne du sens à la démarche.
Ensuite, je voulais simplement ajouter qu'il vous faudra parfois faire preuve de patience, parce que la mise à jour du blog est souvent une manip un peu longue, que je n'ai pas l'accès internet depuis mon appartement, donc je dépend d'autres contingences, et puis je n'aurai pas toujours quelque chose à dire, donc il faudra parfois simplement me laisser le temps de vivre les choses.
Pour l'heure, je suis assis derrière la bécanne et j'ai un peu de temps, après une journée assez remplie, donc j'en profite pour placer un petit mot parce qu'il y a du nouveau.
Je me suis enfin, pour la première fois depuis mon arrivée, rendu sur le site de ma future intervention, Bonabéri au Nord Ouest de la ville, (http://www.carnets-voyage.com/cameroun-carte-douala-2004.jpg), pour ceux qui aiment les précisions géographiques. J'ai donc vu 2 endroits potentiels : le petit et le grand Baobab, enfin ce qu'il en reste parce que les deux arbres sont tombés il y a longtemps, et il n'en subsiste que de tristes restes. Avec leur chutte, la tradition de l'arbre à palabre a quasiement disparue dans cette partie de la ville que certains revendiquent comme étant le coeur du véritable Douala....les avis ne sont pas unanimes comme toujours. Bon, bon, je pensais avoir lke temps pour exposer un peu plus la situation mais Doual'art ferme et on m'attend pour stopper la machine, je vous laisse donc un peu de suspens, et vous dit à très bientôt pour la suite de cette histoire qui prend depuis aujourd'hui des allures d'enquête.
>f.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le trésor du Baobab (Conte africain, Henri Gougaud, L’arbre aux trésors)

Un jour de grande chaleur, un lièvre fit halte dans l’ombre d’un baobab, s’assit sur son train et contemplant au loin la brousse bruissante sous le vent brûlant, il se sentit infiniment bien. "Baobab, pensa-t-il, comme ton ombre est fraîche et légère dans le brasier de midi !" Il leva le museau vers les branches puissantes. Les feuilles se mirent à frissonner d’aise, heureuses des pensées amicales qui montaient vers elles. Le lièvre rit, les voyant contentes. Il resta un moment béat, puis clignant de l’oeil et claquant de la langue, pris de malice joyeuse : « Certes ton ombre est bonne, dit-il. Assurément meilleure que ton fruit. Je ne veux pas médire, mais celui qui me pend au-dessus de la tête m’a tout l’air d’une outre d’eau tiède.

Le baobab, dépité d’entendre ainsi douter de ses saveurs, après le compliment qui lui avait ouvert l’âme, se piqua au jeu. Il laissa tomber son fruit dans une touffe d’herbe. Le lièvre le flaira, le goûta, le trouva délicieux. Alors il le dévora, s’en pourlécha le museau, hocha la tête. Le grand arbre, impatient d’entendre son verdict, se retint de respirer. "Ton fruit est bon, admit le lièvre." Puis il sourit, repris par son allégresse taquine, et dit encore : "Assurément, il est meilleur que ton coeur. Pardonne ma franchise : ce coeur qui bat en toi me paraît plus dur qu’une pierre".

Le baobab, entendant ces paroles, se sentit envahi par une émotion qu’il n’avait jamais connue. Offrir à ce petit être ses beautés les plus secrètes, Dieu du ciel, il le désirait, mais, tout à coup, quelle peur il avait de les dévoiler au grand jour ! Lentement, il entrouvrit son écorce. Alors apparurent des perles en colliers, des pagnes brodés, des sandales fines, des bijoux d’or. Toutes ces merveilles qui emplissaient le coeur du baobab se déversèrent à profusion devant le lièvre dont le museau frémit et les yeux s’éblouirent. "Merci, merci, tu es le meilleur et le plus bel arbre du monde," dit-il, riant comme un enfant comblé et ramassant fiévreusement le magnifique trésor.

Il s’en revint chez lui, l’échine lourde de tous ces biens. Sa femme l’accueillit avec une joie bondissante. Elle déchargea à la hâte de son beau fardeau, revêtit pagnes et sandales, orna son cou de bijoux et sortit dans la brousse, impatiente de s’y faire admirer de ses compagnes. Elle rencontra une hyène. Cette charognarde, éblouie par les enviables richesses qui lui venaient devant, s’en fut aussitôt à la tanière du lièvre et lui demanda où il avait trouvé ces ornements superbes dont son épouse était vêtue. L’autre lui conta ce qu’il avait dit et fait, à l’ombre du baobab.

La hyène y courut, les yeux allumés, avides des mêmes biens. Elle y joua le même jeu. Le baobab que la joie du lièvre avait grandement réjouie, à nouveau se plut à donner sa fraîcheur, puis la musique de son feuillage, puis la saveur de son fruit, enfin la beauté de son coeur. Mais, quand l’écorce se fendit, la hyène se jeta sur les merveilles comme sur une proie, et fouillant des griffes et des crocs les profondeurs du grand arbre pour en arracher plus encore, elle se mit à gronder : "Et, dans tes entrailles, qu’y a-t-il ? Je veux aussi dévorer tes entrailles ! Je veux tout de toi, jusqu’à tes racines ! Je veux tout, entends-tu ?"

Le baobab, blessé, déchiré, pris d’effroi, aussitôt se referma sur ses trésors et la hyène insatisfaite et rageuse s’en retourna bredouille vers la forêt.
Depuis ce jour, elle cherche désespérément d’illusoires jouissances dans les bêtes mortes qu’elle rencontre, sans jamais entendre la brise simple qui apaise l’esprit.

Quant au baobab, il n’ouvre plus son coeur à personne. Il a peur. Il faut le comprendre : le mal qui lui fut fait est invisible, mais inguérissable.

En vérité, le coeur des hommes est semblable à celui de cet arbre prodigieux : empli de richesses et de bienfaits. Pourquoi s’ouvre-t-il si petitement quand il s’ouvre ? De quelle hyène se souvient-il ?