jeudi 20 décembre 2007

Comment dire ? Dernier acte

Voilà que je vis les dernières heures de mon premier voyage en terre africaine.

Les derniers jours qui viennent de s'écouler ont été d'une densité exceptionnelle et je ne sais par où commencer. Mon Dieu comment dire ?

Sud, sud, sacré sud. S.U.D., Salon Urbain de Douala, qu'est ce que ça veut dire ? Vous voyez les salons, ceux de l'automobile, de l'agriculture, de la maison individuelle ou de l'art contemporain, eh bien ça n'a rien à voir. Là il faut plutôt entendre salon comme le lieu de la maison où l'on reçoit ses amis. Doual'art a réussi le tour de force d'organiser pour quelques jours le siège de Douala et si vous connaissiez la ville et le pays vous comprendriez la hauteur, la majesté de l'utopie.


Charrette sur l'arbre.

Mercredi soir. Depuis quelques jours j'ai changé de casquette, j'ai troqué mes habits de chantier contre d'autres tenues, et les gars sont livrés à eux même. Je suis devenu l'architecte et comme ils maîtrisent maintenant leur affaire, je ne donne plus que quelques directives, je m'éclipse ensuite en moto ou en bus vers d'autres destinations. L'arbre fini sa croissance sans moi.


Seulement ce soir je suis énervé, ils n'ont pas avancé comme prévu et moi qui voulait absolument finir pour passer à autre chose demain, jour de l'inauguration, je suis obligé de charretter. J'ai commis quelques négligences que je payes à présent. La structure des bancs a été mal faite, les planches de bois ont été découpées à l'arrache, rien ne colle, et je n'avais pas vérifié ça avant. L'outillage est merdique et on m'a volé ma visseuse, la nuit est tombée et il se met à pleuvoir. Putain je m'énerve. Après plusieurs heures d'acharnement et de mauvaise humeur on rattrape le coup mais je comprends que l'on ne finira pas ce soir. 2h00 du matin, il faut ranger, il pleut. Je suis fatigué mais ça va, on finira tranquillement demain matin, je suis fier de ces mecs qui sont là avec moi au milieu de la nuit pour réaliser ce truc, je crois qu'eux aussi se prennent au jeu.



Chiffres.


Quand j'étais petit ma grand mère me donnait pour mes étrennes un billet de 10 000 comme elle disait. Ce sont les anciens, anciens francs. 10 000 anciens anciens francs c'est 100 anciens francs et 15 de nos nouveaux euros. Les quinquagénaires seront contents, c'est facile, le franc cfa c'est comme l'argent de maman. Un ouvrier sur un chantier est la plupart du temps embauché à la journée, il gagnera environ 1000 ou 1500 fcfa. Si il est qualifié il peut espérer 3000 ou 3500. La course en taxi c'est 200 f, le litre d'essence dépasse les 1000 f, la baguette 150, on peut manger correctement dans la rue pour 300 f, le vendeur d'arachide qui porte son plateau sur la tête toute la journée fera peut être 1000 f de bénéfices si il a tout vendu. Le paquet de clopes est à 500 et les 10 g de chanvre à 1000, le paquet de feuilles c'est 2500 !


L'arbre à palabre est l'un des projets les moins chers du SUD, il aura coûté moins de 2Mi de cfa (3000 euros) y compris le salaire des gars. Il pèse environ 3 tonnes, mesure 6m de haut pour une envergure de 10, il est constitué de 15 feuilles qui totalisent environ 40 m² de vitrage, il aura été réalisé en 3 semaines à 7 personnes, plus l'aide d'Achille et de Doual'art.


Sultan.


J'ai assisté au concert de la Red Zone, résidence Maka, au pied des immeubles, un team de rappeurs camerounais qui ne blague pas. J'ai vu Sultan Hoshimin un putain de pirate avec la patte qui traîne, le bonnet jusqu'aux yeux, vissé sur les oreilles, une voix et une technique incroyable. Le type n'a pas à rougir devant les Iam, NTM ou Assassin de la meilleure époque, c'est qu'ici il y a de quoi revendiquer et représenter, il connaît son sujet et met le feu, j'ai été scotché. Big up, respect pour celui qui encourage les jeunes camerounais à se cultiver et à réfléchir envers et contre tout, pour celui qui les met en garde contre le vampirisme de babylon.



Magema.


Michèle Magema vit et travaille en région parisienne, elle nous propose une installation appelée "Black Bodies Swinging", elle rend hommage aux femmes de martyrs trop souvent oubliées dans l'ombre de leur époux défunt. Le travail porte sur la princesse Andréa Douala Manga-Bell née Berroa, la femme de Roudolphe, pendu par les allemands en 14. Après la pendaison, la famille est dépossédée de ses biens, elle quitte le palais des Bells (celui derrière lequel j'ai construit mon arbre), pour aller s'installer dans une maison au lieu dit parc des Princes de Bali. Dans la maison aujourd'hui à l'abandon, sur un terrain appartenant au prince René, Michèle expose 150 formes de tissus de différentes tailles, 150 corps pendus. Vous déambulez au son du piano dans ce décors étrange et inquiétant bousculant ces fruits macabres, le lieu respire encore l'histoire du Cameroun en train de se faire. Au loin des cloches tintent régulièrement, une délégation s'approche...Mesdames et Messieurs : le Roi ! Voici venir René Douala Manga Bell avec son escorte, l'homme nous fait l'honneur de sa présence, l'instant est mémorable. Tout autour du site des palissades tendus de draps blancs côté intérieur avec le visage d'Andréa sérigraphié et de draps noirs côté extérieur, avec des inscriptions en lettres géantes, parmi lesquelles on peut lire : "Les arbres du Sud portent des fruits".


Les formes de tissus ont été confectionnées à Doual'art par 5 ou 6 filles charmantes qui n'ont pas tardé à faire connaissance avec mes gars, je crois même pouvoir dire qu'une sorte de complicité est née entre les deux groupes. Complicité qui n'a fait que stimuler le travail des uns et des autres...



Le baptême.


Ce matin nous avons fini les bancs, tout est prêt, poncé, nickel. Je rentre pour me préparer, j'ai la pression. Lorsque je retourne à Doual'art, toute la team est là, j'ai ramené l'imprimante et nous faisons des photos que j'imprime directement sous l'arbre pour les distribuer à l'équipe. Petit à petit les gens arrivent. La famille qui avait voulu m'accueillir à Bonabéri est venue, M. Nyamé est là aussi, ils sont tous en habit traditionnel. Doual'art a convié une formation de danseurs et percussionnistes Sawa. Après la présentation, le sacre de mes notables et les remerciements, c'est au tour du chef de famille de Bonembapé de prendre la parole. Il parle de l'histoire, de la mémoire et de l'ouverture d'esprit, il parle du lien qui existe et qu'il faut renforcer entre tradition et modernité. Bien sûr Milord, le chef supérieur n'est pas là et à ce qu'on m'a dit il regrette aujourd'hui sa décision. Les musiciens entonnent un chant, puis on apporte le whisky, le site est baptisé, nous sommes tous assis là sous l'arbre. Je dois dire que ça ne me rappelle pas que des bons souvenirs même si aujourd'hui personne ne vient interrompre l'instant par des cris. Je pense à la princesse Charlotte qui n'est pas là. Nous danserons ensuite jusqu'à la nuit et jusqu'à ce qu'une histoire de voleur ne vienne à mes oreilles.



Les voleurs.


J'ai eu a subir quelques petits vols sans gravité mais pénibles depuis mon arrivée. Il faut dire que bien des jeunes ont du mal à trouver de quoi vivre dans cette ville et que du coup la tentation est grande surtout lorsqu'il s'agit du matériel ou de l'argent d'un étranger. Pourtant chacun sait qu'il n'est pas rare que la justice populaire frappe d'elle même et chaque semaine un voleur attrapé par la foule est battu à mort ou brûlé sur un tas de pneus...


Etrange de constater que c'est justement le jour de l'inauguration de l'arbre, pendant la fête même, que les malfaiteurs se voient démasqués. Et qu'en plus ils se confondent eux mêmes par un jeu de délation...l'arbre à palabre est aussi un arbre de justice non ?...no comment.


Ring


Lorsque l'on traverse le fleuve, au delà de Bonabéri, après l'abattoir, on trouve en pleine brousse, un endroit fantastique appelé Bonendale, c'est sur les rives du Wouri, il y fait frais. On l'appelle le village d'artiste parce que plusieurs artistes y vivent dans les anciennes maisons allemandes d'une plantation. Ce soir il y a une performance du collectif Autodafé constitué pour l'occasion de la réunion des Kapsikis (dont fait partie Blaise Bang qui vit à Strasbourg et que je salue ici), et de Dominique Malaquais.


L'histoire c'est que 5 artistes camerounais avaient prêté leurs oeuvres pour l'ouverture du musée national de Yaoundé à la demande du ministre de la culture. Celui ci avait promis que le gouvernement achèterait les pièces, mais pendant 5 ans les oeuvres moisissent dans un musée dont tout le monde se fout et que personne n'entretient. L'eau passe par le toit et les seuls visiteurs sont les chauves souris les cafards et les rats. Évidemment les artistes ne recevront jamais un centime de cfa. Finalement ceux ci décidèrent de récupérer leur tableaux dans l'indifférence générale. On dit qu'ils auraient pu sortir n'importe quoi de ce musée sans que les gardiens ne prennent la peine de vérifier.


Nous sommes à Bonendale, en pleine brousse réunis autour du Thunder Dom, un dôme géodésique dont les noeuds sont en corne de zébu. La foule forme un cercle. Des taxis et des motos disposés tout autour apportent la lumière. Au milieu Arletta lit le récit de cette histoire d'abord en français puis en anglais, elle a la dégaine et la classe de Tina Turner, avec 30 ans de moins. Lorsqu'elle achève son exposé on entend s'élever la musique du boléro de Ravel. Et de l'obscurité sort une étrange procession qui s'avance au son de la marche. A pas lents les silhouettes apparaissent, ce sont des porteurs habillés de noir, dans leur dos sont inscrits les noms des artistes concernés, sur leur tête ils portent les toiles, des porteurs de flambeaux suivent, je n'ai pas de caméra mais je filme la scène de mes propres yeux, le défilés fait le tour du dôme je regarde les cinq toiles avec attention. Lorsque le tour est accompli, une procession se met en marche que tout le monde suit de prêt. Bientôt tout le village de Bonendale est là et la foule et les invités sont totalement mélangés. A la lueur des torches nous avançons religieusement derrière ces drôles de géants de l'art. Après une dizaine de minutes de marche nous arrivons sur une sorte de grande place circulaire délimitée par un muret de béton. Là, les toiles sont placées au centre, en tas. Une chorale entonne des chants pendant que l'on verse de l'essence sur les peintures. Je suis à côté d'Anastasi qui commence à comprendre ce qui se passe, il n'y croit pas et s'insurge, "ils ne vont pas faire ça, ils n'ont pas le droit", à ma gauche des voix s'élèvent : je donne 100 000 et moi 200. Pourtant il faudra aller jusqu'au bout et dans la même force et dignité que tout ce qui a précédé, 4 porteurs de flambeaux s'approchent, les gens crient à présent.


On met le feu aux oeuvres. Incroyable puissance de cet acte, les émotions se bousculent en moi, elles sont d'une épaisseur de mangrove et de cette cérémonie de brousse je pleure et j'adresse une prière intime à tous les artistes qui engagent leur vie dans des combats de fous. Respect.


Fantasia urbaine.


Dimanche, dernier jour du SUD, il est midi sous un soleil de plomb et nous sommes réunis au stade d'Akwa pour la performance de Pascale Marthine Tayou, une des stars de l'art contemporain camerounais. Le fils prodigue veut rendre hommage au commerce informel si répandu dans la ville de Douala et actuellement mal mené par certaines décisions gouvernementales. Il propose de les réunir et de les organiser dans une sorte de manif artistique, une fantasia urbaine. Il y a là les vendeurs d'arachides, de beignets, d'agrumes, les vendeurs d'eau, de cigarettes, de médicaments, les cireurs de chaussures, les vendeurs de peluches... Comme dans le projet des Bendskiners de Manga et Mouillon, l'opération est complexe à orchestrer. Tayou voudrait réunir 500 vendeurs ambulants, mais beaucoup d'entre eux, si peu habitués à être pris en compte, ne prennent pas la proposition de Doual'art au sérieux et pensent qu'il s'agit d'une farce malgré la promesse de récompense. D'autres cherchent à exploiter la situation, et se pointent avec un sac d'orange qu'ils distribuent à 3 ou 4 gamins qu'ils pourront ensuite rançonner. Malgré tout et grâce aux efforts de toute l'équipe, les choses se mettent en place, chacun reçoit un tee shirt estampillé SUD et Fantasia Urbaine, ainsi qu'un bracelet. Tayou voulait que ces vendeurs habituellement indépendants et désorganisés forment pour le coup une véritable armée et exposent dans les rues de la ville leur place indispensable au fonctionnement économique du pays. Ils sont à présent 200 en tenue, prêts à défiler, une fanfare ouvre la marche. Sur trois colonnes et en pas cadencés, la fantasia se met en branle dans les rues de Douala. Avec les gens qui suivent, et le troupeau d'invités nous ne sommes pas loin de 500 personnes à s'étaler sur au moins 200 mètres linéaires, encore un moment impressionnant que nous offre le SUD. La fantasia traverse les quartiers, bloque les avenues mais reste très disciplinée. Sur son passage les gens s'interrogent, c'est quoi ça, c'est pourquoi ? On leur répond à la volée, et pendant plus d'une heure la horde défile fièrement, à bon rythme, malgré le soleil et les charges que certains portent sur la tête et que d'autres poussent difficilement en charrettes. Après avoir décrit une grande boucle dans la ville, nous terminons la procession au parc des Princes, (lieu de l'installation de Magema). Là, dans la même discipline qui a marqué tout l'évènement, les vendeurs vont défiler devant...le père Noël.


Valérie, la comptable de Doual'art, est assise à table et reçoit un à un les vendeurs ambulants qui ont participé à la performance. En plus du "tricot" qu'ils vont conserver, elle leur remet un billet vert, un billet de 5000 Fcfa. Moi je suis placé là, à 10 m derrière elle et, toujours sans caméra, j'enregistre sur mon biodisque dur les 200 visages de ces participants. Ils ont en moyenne entre 7 et 25 ans, et je vous jure que le père Noël ici n'est pas un grottesque bonhomme à gros ventre, en barbe blanche et bonnet rouge Coca cola. Le père Noël pour tout ces gens aujourd'hui, c'est le doux visage et le sourire d'une belle camerounaise appelée Valérie qui leur tend, contre toute attente, 5000 Fcfa. Imaginez que pour la plupart d'entre eux cela représente une semaine de travail, pour d'autres c'est peut être même 15 jours. Recevoir cette somme d'argent après avoir défilé 2 heures de temps, et sans avoir vendu de marchandise, cela relève du miracle. Je les vois prendre le billet (7.5 euros) et se demander ce qui leur arrive, beaucoup pensent d'abord que celui ci est faux, certains partent en courant et en chantant. Les plus petits tendent leur 2 mains comme si ils allaient recevoir une hostie, puis ils disent merci à Valérie alors que leur yeux s'allument d'un bonheur sincère. D'autres ne s'attendent à rien et passent sans prendre leur dû, on les rattrappe alors en leur signifiant leur oubli, ils n'y croient pas. Ensuite Didier Schaub leur sert la main et un à un il les remercie chaleureusement pour leur participation...je vous dis que l'on vit des instants rares et puissants par ici.


Koko


Voilà le dernier évènement du SUD : l'inauguration au dernier poteau, quartier Nkololoun, de la sculpture de Koko Komégné. Je vous ai déjà parlé de Koko, c'est un vieux sage, un peintre, à 57 ans, il est le doyen des artistes de Douala et depuis mon arrivée, j'ai eu le plaisir de partager nombre de bières et de discussions avec ce Monsieur, du côté de Bali ou de Deïdo. Aujourd'hui c'est son jour. Le dernier poteau est l'endroit où il a grandi. On l'a appelé dernier poteau parce que jadis la ville s'arrêtait précisément là et au delà c'était la brousse. On est à l'endroit où brûlait le dernier lampadaire urbain du Sud Est de Douala. Pour Koko c'est une forme de consécration, laisser une trace dans la ville, un monument sur le lieu de son enfance. Sa famille s'est déplacée pour l'occasion et il a revêtu sa chemise de fête, celle qui représente 30 ans de combat. Il a d'abord été peintre en lettres pour les enseignes de boutiques, chanteur, musicien, il a dirigé un cabaret, pour finalement peindre des tableaux. Il me dit que l'on ne devient pas artiste, c'est une vocation, c'est Dieu qui décide, et Dieu sait qu'ici lorsque l'on dit à sa famille que l'on est artiste, c'est presque une malédiction, une vie de galère en perspective.


Le dernier poteau est un carrefour très passant, et nous tentons de bloquer la circulation pour la cérémonie, quelle affaire ! Les gens qui se demandent ce que font tous ces blancs, s'approchent et demandent : "c'est quoi ça", justement c'est le titre de l'oeuvre de Koko, c'est quoi ça en Duala on dit "Njé Mo Yé". Alors de droite et de gauche, par petits groupes, les uns et les autres racontent l'histoire et apprennent aux curieux ce qui nous réunit là. L'oeuvre fait 6m de hauteur et parle d'amour et de partage, elle représente un homme et une femme réunis dans un même personnage à 2 têtes. Les passants qui n'ont vraiment pas l'habitude d'être confrontés à une oeuvre d'art dans l'espace urbain sont vite intéressés pour peu que l'on prenne le temps de leur expliquer, bientôt eux mêmes expliqueront à d'autres. Koko prend la parole dans un concert de klaxons, on est tous agglutiné autour de lui pour l'entendre, puis Lionel Manga intervient. Le chef supérieur arrive avec sa délégation, il est fier de nous accueillir sur son territoire et nous invitera ensuite à la chefferie pour partager un verre et cloturer cette mythique première édition du Salon Urbain de Douala désormais triennale.



Limbé-Bonendale


Après tout ça me voilà rempli d'émotions et de fatigue, je me sens devenir associal, et j'ai besoin de prendre le large. Lundi, je n'ai qu'une seule envie, voir la mer et me baigner dans les vagues et le vent pour me nettoyer le corps et l'esprit. J'entraîne mon ami Achille vers Limbé, nous louons un taxi à la journée et c'est parti. Une heure et demi après et 50 kms plus loin, nous arrivons à Limbé, rappelez vous le village de pêcheur au début du séjour. Nous mangeons dans un endroit de rêve face à la mer, puis nous allons nous baigner à Semme Beach, quel bonheur alors qu'il fait 10 degrés sous zéro du côté de Strasbourg. Je pense déjà au retour, quelle histoire, comment revenir ? Le chauffeur de taxi qui vit à Douala n'a jamais vu la mer, il n'était jamais venu à Limbé. Après quelques heures de jeu dans les vagues, on prend le chemin du retour, la nuit est tombée. Ce soir Dominique Malaquais m'a invité à Bonendale, au village d'artiste pour une petite fête avec les participants de la performance Ring. Je passe la nuit au village dans la maison de l'artiste Goddy Leye. Au matin Dominique me propose une baignade dans le Wouri, l'idée me plait beaucoup. Nous serons guidé par un homme d'une incroyable beauté, David Epée, un Sawa, piroguié, très bon nageur et familié du fleuve. A voir cet homme, on ne peut qu'avoir confiance, les
traits de son visage sont lisses et pures, son regard est franc, il dégage sérénité et assurance, le tout dans un corps d'athlète d'un mètre quatre vingt quinze. Mesdames, je crois pouvoir dire que vous seriez conquises, cet homme est une oeuvre d'art, un véritable chef d'oeuvre. Malgré tout je ne suis pas extrêmement à l'aise car la pirogue est une embarcation très instable, au moindre mouvement elle verse de droite ou de gauche et je ne sais pas quelle est la force du courant. Le calme Olympien de notre guide et du décors dans lequel nous évoluons fini par avoir raison de mes appréhensions. L'homme nous conduit dans un endroit ou un banc de sable nous permet d'avoir pied, nous sautons à l'eau, et pour la première fois je suis dans les eaux des Dieux Sawas, loin de ma piscine privée javelisée. Nous nageons dans le bonheur, encore un grand moment, c'est juste ce qu'il me fallait. Au retour il me parle des mamiwatas sorte de sirènes mythiques que l'on peut rencontrer aux abords du fleuve et qui peuvent nous prendre et nous entraîner dans les profondeurs, David nous dit qu'il n'en a pas peur, je le crois. Le bruit d'une tronçonneuse romp le silence, et juste sur notre passage à quelques mètres de la rive un arbre s'écroule, je pense au mien.


Joyeux Noël

Alors que je termine cette note, je suis déjà revenu au froid et je n'ai ramené dans mes bagages aucune mascarade africaine, je n'ai pas non plus des gigas de photos ou de films dans la boite. Dans mes malles il y a 2 sacs de peaux de phares et 20 kg de fruits Camerounais qu'Achille et Thérèse ont bien voulu aller me chercher au marché central. Pour ce qui est des souvenirs, chers lecteurs, j'ai tâché de vous en confier le meilleur tout au long de cet innoubliable séjour. J'espère que vous aurez pu en tirer quelque chose, c'est mon cadeau de Noël venu d'Afrique pour vous tous et je n'ai rien pris d'autre.

A bientôt

Frédéric

samedi 15 décembre 2007

Le baptême

Pas vraiment le temps de vous écrire le texte aujourd'hui, mais j'annonce que le baptême a eu lieu. Voici quelques clichés...


Mes notables au grand complet.



Remise symbolique mais importante d'attestations pour les jeunes qui m'ont aidé.


Intervention du chef de famille de Bonambapé, venu en délégation pour l'évènement. Ce sont eux qui m'avaient proposé le terrain de Bonabéri où le travail avait débuté. L'intervention est très émouvante.


Les chefs réunis sous l'arbre à palabre désormais adopté....

A toute suite.

Frédéric

mercredi 12 décembre 2007

Les photos

Anastasi
Manu
Steph
Francine


Yannick
Patrick




Achille Atina























Camille de la fondation hollandaise IStrike, partenaire de l'organisation du SUD.








De gauche à droite : Yannick, Patrick, Stéphane, Stephane et Anastasi.




Le zèbu méchant de Lucas Grandin.
Patrick le soudeur.






Le passeur de lumière, spéciale dédicace à Tirtiaux.

















Les Bendskiners de Lionel Manga et Philippe Mouillon.

Philippe Mouillon.



Le zébu, l'arbre et le palais des rois Bell.














Sumégné en tenue de combat pour l'inauguration de 9 notables quartier Madagascar.













Stéphane
Yannick
Manu

Stéphane



L'installation de Lucas Grandin


Le défilé du char en plein rush.