mardi 6 novembre 2007

De l'eau au moulin

Comme je vous le disais hier, je suis coupé du monde ou presque depuis mercredi, et j'aurai mille choses à vous faire partager, notamment de sérieux rebondissements dans l'affaire de mon arbre qui, s'il n'a pas encore sorti le moindre germe de terre, commence à présent à sérieusement susciter la palabre....

Mais je jubile de vous faire attendre encore, à l'heure de l'immédiateté informatique, pour vous soumettre un texte que j'avais écrit assez spontanément dans la nuit de mercredi, suite à une bonne soirée Rue de la Joie. Voici donc "de l'eau au moulin"...



Vous connaissez, la théorie des noeuds ? Moi non, mais j'en connais des, un peu potaches, que l'idée même d'une théorie qui porte sur les noeuds, fera sourire, et même mourir de rire. Mais mon propos, présentement, ne cherche pas à vous perdre en ces zones marécageuses. Il se trouve que je sors juste d'une discussion épique où Lionel Manga, que vous connaissez maintenant, cherchait à faire comprendre à ma conscience toute occidentalisée, quelque chose qu'elle entendait, je pense, déjà fort bien depuis toujours, sans que personne ne lui ai jamais dit. Figurez vous qu'un pêcheur Sawa, par exemple, (au fur et à mesure de mon séjour j'apprends des choses qu'il est parfois bon de vérifier, car je pêche...mais d'inculture et je commets de grossières erreurs dans mes écrits, comme entre autre, la date de la dévaluation, bref...), un pêcheur Sawa donc, (Sawa désigne les peuples de l'eau), qui passe une partie non négligeable de son existence à repriser ses filets, à faire des noeuds, travaille tout à fait sérieusement, activement, physiquement dans sa chair, intellectuellement aussi dans l'alchimie de son cerveau, je dirais vitalement, à des questions de topologie. Topologie : c'est à dire a priori en connexion universelle directe, en relation étroite, avec la frange la plus éclairée, la plus concrètement complexe des mathématiques contemporaines, sous entendu du monde des lumières. Certes un pêcheur Breton ou Corse me dira, et à raison, qu'il n'est pas besoin de naviguer à l'équateur pour savoir ça, mais l'Afrique des "sous", qu'il soit question de développement, de dettes, de culture ou de lumen, n'a pas eu l'habitude, je dirais même n'a jamais été élevée en ces termes. Ca veut dire quoi ? Que le pêcheur Sawa connaît intrinsèquement, d'expérience, de pratique, ce que l'autre couche sous forme d'équations, il n'est pas, de nature, un "sur" et un "sous" là dedans, il est peut être simplement des modèles plus adaptés, plus efficaces, selon l'environnement et l'époque. Mais si l'on se refuse, (c'est humain), à comparer, à juger, on dira simplement qu'il faut avoir soit les oreilles bouchées, soit l'ouïe aiguisée, c'est selon, pour ne pas entendre cette évidence. Je veux dire que les mathématiciens, ou les physiciens du monde, confrontés à des problèmes non solvables dans un certain repère de l'espace et du temps, n'hésitent pas à en changer, inventant pour ce faire de nouvelles axiomatiques plus efficaces et plus à même de modéliser le réel. C'est ainsi par exemple que dans l'univers des nombres imaginaires il sera possible de trouver une racine carrée négative... je ne sais pas bien ce que ça implique, mais d'un point de vue poétique c'est tout à fait pertinent, j'achète !
Comment traduire, transcrire, transcoder, entendre, comprendre, pour le salut de l'humanité s'il vous plaît, ce que l'histoire, notre histoire, a passé et passe encore, des générations à piller, bafouer, violer et écraser ? Comment faire en sorte que l'acquis inestimable, pour notre planète et pour les mathématiques modernes, lié au savoir faire du pêcheur Sawa ne disparaisse pas purement et simplement dans le Wouri ? (Question pour laquelle on trouve une réponse aujourd'hui évidente et presque universelle, concernant la baleine bleue ou le grand Tétra). Comment remercier la contribution efficace d'un Yann Arthus-Bertrand ou d'un...Kffffffffffffffouuuuuuuuuuü...Nicolas Hulot, qui nous éclairent à grands renforts de projecteurs sur l'âme de la forêt ou le peuple de l'herbe, quand on a tout simplement massacré tout ceux qui pouvaient nous apprendre à dialoguer avec ces princesses Mononoké et Nausicaa ? Comment s'attendrir aujourd'hui, hypnotisés et imbéciles que nous sommes, face aux publicités des plus grands escrocs de tous les temps, en costumes de notables, qui nous servent du couplet environnement à longueur de pages glacées recyclées, depuis...euh...6 mois et pour finalement nous vendre des godasses, une bagnole ou des centrales nucléaires ? Sous quelles lourdes croix de missionnaires a-t-on fait taire les dieux sauvages de la forêt ? Quel visage d'enfant n'a t-on pas perverti a coup de logo Nique (k) ?


Pourtant, malgré les apparences, je ne suis pas né de la dernière pluie équatoriale et je respecte trop Don Quichotte pour le singer en courant les moulins, je suis comme tout le monde, et je préfère un bon film à une histoire de noeuds dans un bouquin auquel je n'entend rien. Vous avez vu comme moi Star Wars ou Le seigneur des Anneaux ? Eh bien je sais qu'il y a des temps où les troupes se rassemblent, où les rangs se resserrent autour des vieux sages, sous les grands arbres. Il y a des moments de l'histoire où les Elfes, les Nains, les Humains et même les Ents et les Hobbits retrouvent un langage commun et s'accordent. Parce que c'est nécessaire, parce que c'est le seul moyen. Parce qu'il n'existe plus aujourd'hui un seul centimètre carré de cette terre ou l'on pourra aller se planquer....

Tiens, j'avais pas vu la réunion du 17 Octobre de Luiz Inacio Lula (Brésil), Manmohan Singh (Inde), et Thabo Mbeki (Afrique du Sud), c'était écrit en petit, en bas, dans la marge, faut dire que y'a d'autres actualités plus importantes, tout d'même Nicolas et Cécilia....

A bientôt

Frédéric

2 commentaires:

Anonyme a dit…

http://www.bilaterals.org/article.php3?id_article=10009

pour ceux qui voudraient en soavoir plus sur l'IBSA (le cadre de la rencontre dont parle Fred).

Anonyme a dit…

et (pour les anglophones) une déclaration conjointe à l'issue de la conférence :
http://www.bilaterals.org/article.php3?id_article=10043