vendredi 23 novembre 2007

Les photos de la palabre

Ca y est la gestation a été interrompue, et voilà que je reviens à la case départ. Comme dit l'autre "ce qui ne tue pas rend plus fort", et jusqu'à preuve du contraire je ne suis pas encore refroidi, je suis même chaud comme une barraque à frites, avant de retrouver la suite de l'aventure, voici les maigres photos de la palabre.
Le faux espoir sur le site de la foire du grand baobab, la construction de bois au fond c'est la future scène. Et la moche maison derrière, c'est qu'au cameroun aussi les nouveaux riches ont mauvais goût !



Le site de la palabre avec de gauche à droite, la maison de la princesse Charlotte (ancienne maison coloniale), le site proposé, les tombes des rois Koum, et la maison de la famille qui m'a proposé le site et dans laquelle s'est déroulée la cérémonie. La photo est prise juste devant l'entrée de la foire qui se situe derrière le photographe en contre bas.


Le chef de famille en tenue traditionnelle au milieu des racines.




Moralité : on ne baptise pas au JB !


L'implantation des racines.



Mon technicien soudeur du moment : Ferdinand.

Avec le casque jaune : ce cher René Nyamé, le pantalon orange c'est Fabien le petit malin, et rayé bleu et blanc c'est Yannick mon aide de camp.



Et la lumière fût...
En fond de scène : l'entrée de la foire.



Ici, voir un blanc qui travaille sur un chantier et qui en plus ne roule pas en 4X4, ça relève du surnaturel et ça attire les foules.


L'arrivée sur place du Prince René Douala Manga Bell (de dos), en rayé à gauche son fils, en blanc à droite sa fille Marilyn et derrière, cachée, la princesse Charlotte qui somme d'arrêter les travaux.


Ce matin même, interruption volontaire de création.


2 sous tîtres possibles : I will survive ou I will be back.

To be continued.

jeudi 22 novembre 2007

La palabre

Oyez braves lecteurs assidus, voilà plus d'une semaine que le silence règne sur ce blog et pour cause, je suis dans la palabre jusqu'au cou, et aujourd'hui, Jeudi 22 Novembre 2007, alors que je fête mes 34 ans, voici que l'on atteint le paroxysme de ce qui n'était pour moi, il y a quelques semaines encore, qu'une évocation symbolique d'une belle coutume, seulement voilà....




A vrai dire la chose est complexe et je ne voudrais pas vous ennuyer, je vais tâcher de vous retranscrire ici les phases clé de cette histoire pour que vous puissiez comprendre ce qui se passe autour de l'arbre à palabre d'un étrange étranger dans cette bonne ville de Douala Cameroun. J'ai déjà évoqué précédemment certaines de ces étapes, mais je vais les reprendre ici par soucis de clarté.




1) 2 Nov : rdv mairie




L'association Doual'art donne rendez vous à tous les chefs traditionnels à la mairie de Douala 4 pour obtenir la bénédiction du projet et son implantation sur l'emplacement du bongongui, le grand baobab, tombé en 1993. Le maire et ses principaux adjoints ne sont pas des enfants du pays et les chefs traditionnels boudent le rendez vous.




2) 5 Nov : rdv avec Milord




Milord (appelons le par son prénom c'est plus simple), est l'actuel chef supérieur de Bonabéri, c'est à dire qu'il est détenteur de l'autorité traditionnelle sur tous les chefs de quartiers et de blocs de cette partie de la ville. Sa légitimité reste cependant controversée par certains, (détail qui prendra de l'importance par la suite). Nous exposons le projet à Milord et celui ci nous explique qu'il ne peut pas donner son aval pour le site retenu, il invoque des raisons rituelles et mystiques de la plus haute importance, et nous dit que certains de ses notables, gardiens de la tradition s'y opposent fermement. Il nous promet cependant de nous aider à trouver un autre endroit sous 48h.


Choqués par cette réaction, et avec l'aide de Marilyn Douala Manga Bell (responsable de Doual'art et fille de René Douala Manga Bell, héritier direct des rois Bell, c'est à dire big big boss de l'affaire), nous décidons de ne pas lâcher le morceau et de jouer du portable et des relations pour en savoir d'avantage sur les tenants et les aboutissants.


Les habitants de Bonambapé que nous avons rencontrés soutiennent le projet, la princesse Charlotte soutient le projet, le chef du quartier d'à côté : Bonamikano, soutient le projet, son premier notable, député, soutient le projet, le prince René Bell lui même soutient le projet...Nous avons des alliés de taille et sommes amenés à penser que les raisons invoquées par Milord sont plus liées à un acte manqué qu'à de véritables oppositions. Nous cherchons donc à retrouver le droit chemin en réparant les erreurs, Samedi il y a une réunion à la chefferie, si les notables sont avec nous ça passera, en attendant, nous rassemblons les forces.


3) 13 Nov : rdv avec le cerbère de la porte


Ce mardi 13 novembre nous avons rendez vous avec le cerbère de la porte, le gardien des clefs de la tradition, c'est l'un des principaux notables de Milord, il habite à 20 mètres à peine du grand baobab. Cet homme est celui qui édifie la case de l'oracle durant le N'gondo, fête qui a lieu en ce moment et qui célèbre les rites traditionnels des Dualas.

(Durant le N'gondo, un homme plonge dans le fleuve Wouri il y reste de longues minutes, il est même arrivé qu'il ne remonte jamais, mais lorsqu'il remonte, il rapporte de l'eau des éléments feuilles, crevettes... qui seront interprétés par les initiés dans une case réalisée en feuilles de palme par notre homme. C'est la cérémonie de l'oracle, le rite qui annonce les évènements pour l'année à venir).

Le rendez vous se passe dans une ambiance étrange empreinte d'une aura ésotérique. Je suis avec Marilyn, nous avons jeté une pièce dans le Wouri pour les dieux Sawa en traversant le pont. Le bonhomme est assis devant la fenêtre de sorte qu'un puissant contre jour m'empêche de distinguer vraiment les traits de son visage. L'expérience de la soudure à l'arc et du jeu hyper intense des clairs obscurs m'a appris par un plissement pointu des paupières à transpercer la pénombre, en l'occurrence cela me permet de lui voir le tréfonds de l'âme. Il nous raconte l'histoire des Dualas, il sort les portraits au crayon des ancêtres de Marilyn, puis s'étend à grand renfort d'exemples surnaturels sur la puissance de l'ancien baobab et du sol qui l'a vu naître. Je sens notre homme préparer le terrain pour en arriver aux mêmes conclusions que Milord. Il m'explique la volonté des dieux et des ancêtres, et leur pouvoir sans limite quand soudain, presque malgré moi, je lui lance un "mais croyez vous Monsieur, que j'ai parcouru 6000 kms pour venir ici à Bonambapé construire l'arbre à palabre par hasard ?". L'homme, que je vois maintenant distinctement, acquiesce, "il n'y a pas de hasard !". A partir de cet instant le ton change et les portes s'ouvrent, il me fait boire un alcool sorti d'une bonbonne remplie d'écorces et d'épices en tous genres, et me dit que cette boisson fera sortir tous les maux qui sont en moi... Il promet de faire tout ce qui est en son pouvoir pour que le projet se réalise et nous assure être l'aîné de Milord et que ce dernier ne lui a jamais rien refusé. Ensuite nous nous rendons sur le terrain, il me demande de lui montrer la maquette, il reconnaît en elle le vieux bongongui, le moment est intense, et l'effet de l'alcool aidant, je touche le reste de la souche en pensant que nous approchons du but et en donnant rendez vous à ce vieux morceau de bois.


4) L'attente


Suite à ce rendez vous nous sommes persuadés (Marilyn et moi) que la roue va tourner et que la réunion de Samedi donnera le coup d'envoi de la construction. En outre Milord qui avait promis de nous aider à trouver une autre place n'a plus donné signe de vie depuis plus d'une semaine, et nous commençons sérieusement à douter de son envie de voir fleurir un arbre sur son domaine. Mais pour nous le feu vert est presque acquis et nous décidons de lancer les commandes de métal, samedi midi, après la réunion la ferraille sera livrée sur place : 120 barres de 12 mètres de longueur, 1km440 de racines, de tronc et de branches.


5) 17 Nov : réunion à la chefferie


Nous sommes à la chefferie, Marilyn est entrée dans la petite maison blanche avec les notables et le chef Milord, moi j'attends devant la porte avec tout un tas d'autres gens assis là pour différentes raisons. Après de longues minutes, Marilyn ressort toute blême, moi je n'ai pas été consulté. Elle me dit que ça va très mal, le chef qui normalement consulte les notables puis clôture la palabre en donnant la sentence, a parlé le premier. Il a tapé de la main sur la table en disant : "mais je t'ai déjà dit non !", le chef a parlé, tous se sont alignés, le cerbère s'est transformé en toutou et nos principaux alliés n'étaient pas là. Le chef a stoppé toute palabre, cette fois ci nous l'avons fort et claire la réponse, c'est non, tout les feux sont au rouge et tout ce temps perdu...


6) Fausses pistes


Je panique, le métal va arriver et toujours aucun site, le chef nous envoie à la va vite visiter d'autres endroits... les pistes ? Une obscure concession, derrière la maison d'un des notables, un autre terrain qui s'avère privé, puis le petit baobab, qui est le dernier à vivre encore, ils sont prêt à le faire arracher pour mettre mon oeuvre ??? Pire encore, à 30 m derrière le grand baobab, un croisement de chemin de terre, là au milieu de la route. J'objecte qu'il prendra toute la place et que les voitures ne pourront plus circuler, l'émissaire qui nous accompagne montre du doigt des cabanes de tôles construites sur la route et nous dit que ceux là seront chassés et les constructions démolies ! Les larmes me viennent, le métal arrive, Marilyn est blanche de colère. La guerre est déclarée. La décision est prise d'abandonner Bonabéri, et de rejoindre l'autre rive le camion est détourné et renvoyé à Doual'art...


Mon projet remue tellement de choses, il y a comme un hoquet de l'histoire, une entente impossible avec l'autre rive, un accord refusé avec les blancs, les ponts rompus, je ne peux pas supporter d'être l'instrument de guerre alors que je suis venu en paix et sans aucun drapeaux, je n'achète ni les gens ni la terre, je suis prêt à renoncer à toute forme de propriété, jusqu'à la présence de mon nom auprès de l'oeuvre, mais rien n'y fait c'est l'impasse.


7)De la guerre des chefs à l'embrouille administrative


De retour à Bonanjo j'ai un plan de secours, en face de Doual'art il y a une place, j'ai repéré là un endroit qui pourrait convenir et faire sens. Marilyn appelle une de ses amies à la ville qui faciliterait les démarches. La personne vient, elle appelle son boss qui lui dit "non pas là, ça ne sera pas assez visible, il faut le mettre le long de la nouvelle voie rapide, sur un rond point... je suis dépité, nous nous rendons tout de même sur place, le soir tombe. Nous nous arrêtons sur le bas côté pour visiter le lieu, et à peine descendus de voitures, les gens nous klaxonnent et s'arrêtent : "ne restez pas là, allez vous en, le coin regorge de bandits". Il faut dire qu'au même endroit la semaine dernière le délégué du gouvernement c'est fait agressé, il a pris un coup de couteau en échange d'un portable, nous remontons en voiture et fuyons ce coupe gorge.

S'en est trop pour un seul jour, je rentre chez moi exténué, dans la piscine, je nage, je nage.

Où est l'erreur, qu'est ce qui ne va pas dans ce projet ? Je fais le point, je dessine mon arbre encore et encore, à côté de lui il y a toutes les petites maisons du quartier, de tôles et de bois, l'écrin de ce bijou c'est le bidonville, c'est le quartier pauvre, ce ne sont pas les immeubles de bureaux et les administrations de Bonanjo...


8) 18 Nov : ma dernière carte


Dans la nuit une idée m'est venue, la seule personne qui depuis le début de l'aventure m'a toujours accueilli et conduit en me signifiant qu'il n'y avait aucun problème, c'est M. Nyamé, rappelez vous cette ancienne photo près du grand baobab terrassé, c'est lui qui tenait la hache. Je décide de lui rendre visite ce dimanche. J'arrive sur place et l'appelle, il me dit sur un ton un peu sec qu'il est chez lui et que je n'ai qu'à venir, je suis assis à l'endroit où l'arbre est tombé il y a 14 ans et je ne sais plus quoi penser, est ce que je le dérange ? Est ce que je l'attend ? je reste là et m'apprête à commander une bière. Un enfant d'à peine 20 mois traînant une caisse de carton s'arrête devant moi et me regarde de ses grands yeux couleur de terre. Il tend son bras et de son petit index il me montre l'entrée du circuit, je regarde derrière moi dans cette direction et lui adresse ce sourire idiot de l'adulte qui ne comprend rien de ce que l'enfant cherche à lui dire, alors me vient à l'esprit l'histoire de l'imbécile qui regarde le doigt. Une nouvelle fois l'enfant lève de façon claire et déterminée son bras mais me montre cette fois ci le chemin, j'ai compris, il faut que j'y aille ! Je lui dit merci, me lève et me dirige vers la maison de Nyamé. Lorsque j'arrive il est à table mais me rejoint rapidement, je lui explique ce qui s'est passé la veille et lui propose d'aller boire un verre. J'expose la situation, lui fais part de la décision de retourner sur l'autre rive, il est furieux contre le chef expose l'histoire à la tablée d'à côté, tout le monde s'en mêle et prend parti. Je joue ma dernière carte. "Ne pensez vous pas, M. Nyamé, qu'il existe peut être un endroit sur votre terrain, qui pourrait abriter cette oeuvre sans contredire la chefferie ?". "Mais oui, évidemment, c'est possible il n'y a pas de problème !" . Je jubile. L'homme fait appeler son frère, ils possèdent de vastes concessions, à 2 pas du bongongui. Sur l'un des terrains, ils sont en train de monter de petites cabanes de bois pour la foire qui se tiendra durant tout décembre, cette fête s'appelle le "grand prix du baobab", il me montre les papiers à entête, me raconte toute l'histoire des rois Bell, m'explique leur respect vis à vis du père de Marilyn, et puis nous allons voir le terrain. Ils me proposent de placer l'arbre en plein milieu du site, à côté de la future scène qui accueillera les musiciens, là où dans 20 jours la foule va se presser. Ok, nous trinquons à cet accord. J'ai enfin trouvé la solution ! Excité par ma performance, j'appelle Didier et Marilyn, et je les rejoins chez eux à la hâte. Je leur expose la situation, ok, nous irons tous ensemble sur place demain.


9) 19 Nov : c'est parti !


Nous nous rendons donc sur place dès le matin nous visitons le site, Paulin, Didier et Marilyn sont méfiants, parce que c'est un site privé et que l'oeuvre ne sera pas vraiment visible de la rue, Nyamé les rassure ils sont prêts à signer une convention, et à assurer l'ouverture du lieu au public après la foire...L'accord est conclu, on rapatrie le matériel dans l'après midi, profitons du camion pour acheminer les 11 sacs de verre et tout le matériel que j'ai ramené de France, tout sera déposé chez Nyamé. Le soir venu tout est prêt pour commencer. Nous traçons l'implantation au sol, je suis content.


10) 20 Nov : faux départ, nouveau départ.


A 7h00 je suis sur place, prêt à enfoncer mes premières racines. 7h30 mon téléphone sonne, c'est Marilyn, elle m'explique qu'ils ont fait une réunion au sommet la veille au soir et qu'ils pensent que ça ne va pas du tout, l'hypothèse que le site puisse être verrouillé et l'oeuvre privatisée les hante, je me fâche et invoque l'extrême urgence. Ils prennent la route pour me rejoindre et en discuter sur place. Je raccroche, expose le problème à Nyamé, une autre conversation s'engage. Un homme arrive, il est lui même un personnage important d'une des branches des familles princières, (ne m'en demandez pas plus), il me présente un endroit face à la foire entre la maison de la princesse Charlotte et le tombeau des princes de la famille. Ce lieu à l'abandon possède les stigmates d'une ancienne construction, il est entourer de murs, mais très bien situé directement sur la rue. L'équipe de Doual'art arrive. Un attroupement s'est formé, j'expose la nouvelle solution qui arrive comme un miracle. Il y a maintenant les membres les plus importants de cette famille réunis sur la route, on me dit que si je met l'arbre là il n'y aura pas de problème. J'envisage la situation parlemente, on s'assoit finalement dans leur maison juste de l'autre côté des tombeaux. Il y a là une véritable palabre, et la discussion débouche sur un accord de principe, qui sera célébré dès demain et intronisé dimanche en conseil de famille. En attendant, vous pouvez commencer, il n'y a pas de problème.

Doual'art, me dit d'embrailler, trop content, je commence à travailler. nous nettoyons le site, et commençons l'implantation, des jeunes sont là pour m'aider de sorte que, lorsque le soir arrive, j'ai placé dans le sol plus de 100 racines. Demain matin nous avons rendez vous à 6h00 pour la cérémonie.


11) 21 Nov : drôle de cérémonie


Une liste de vivres a été dressée que nous devons ramener, 2 bouteilles de whisky, 4 litres de vin, 2 caisses de boissons variées, 25 pains, de la saucisse... ce matin Marilyn est en habit traditionnel, tous les chefs et les membres de la famille aussi, moi je suis en tenue de combat, celui qui semble présider est sur le terrain à notre arrivée, il prie dans un coin face à ma centaine de tige de fer plantée dans la maigre chape de béton friable qui restait là. Ils arrivent tous les uns après les autres, à part Marilyn, il n'y a que des hommes évidemment. La cérémonie commence. On ouvre une bouteille de JB, et l'on bénit le terrain ils sont 5 ou 6 à asperger le sol à tour de rôle au mauvais whisky, ils prononcent des sentences en duala puis mange une sorte de racine en buvant une lampée d'alcool qu'ils recrachent avec force aux quatre coins. Mais voici un imprévu, la princesse Charlotte est sortie de chez elle en chemise de nuit, elle s'interpose en criant son désaccord, "ne faites pas ça sur la tombe de mes ancêtres vous n'avez pas le droit", on la somme de se taire et continue le rite comme si de rien était. On passe ensuite dans la maison, où chacun prendra la parole, et où l'on m'expliquera qu'il n'y a pas de problème et que quoi qu'il en soit la princesse n'a rien à dire et que j'ai leur accord formel de travailler dès maintenant. On mange et on boit, il est à peine 7h00.

8h00 je me mets au travail, et durant toute la journée les gens se succéderont pour me donner leur avis, curieux ils regardent la maquette essayent de comprendre. Un vieux passe qui me dit d'arrêter immédiatement, il a le rictus de la haine sur le visage, Nyamé et les autres me rassurent il n'y a pas de problème, travaille !

La princesse ressortira en cours de matinée et se fera presque insulter par l'un des compères présents durant la cérémonie, une autre femme prend sa défense et sa hurle, Nyamé fait taire l'impoli. Je suis dans mes petits souliers mais je me tue à la tâche et m'abrutis de travail. En fin de journée les principales racines sont dessinées et le tronc s'esquisse déjà jusqu'à 3m de hauteur.

Marilyn m'appelle, elle arrive avec son père le prince, pour réparer l'affront fait à la princesse Charlotte, je me dis ouf. Je suis en sueur, sale, les mains pleines de rouille et d'ampoules, c'est ma première rencontre avec ce haut personnage. Il me dévisage et me tend la main, je m'excuse d'être si sale, il me dit vous avez une tête d'intellectuel et des mains de travailleur, je lui répond que c'est bien d'associer les deux il sourit. Pendant qu'ils parlementent avec Charlotte je continue le travail. Lorsqu'ils ressortent rien est arrangé, le prince vient me voir et me dit vous arrêtez les travaux et si il y a problème, vous retournez à Bonanjo. Je fais la grimace, Marilyn me fait un signe. En partant elle me dit continue, demain nous reviendrons voir la princesse.


12) 22 Nov : avortement


C'est aujourd'hui mon anniversaire, il fait froid et il pleut des cordes sur Douala. Marilyn est passée me prendre de bon heure pour aller voir Charlotte. Nous arrivons avec de petits cadeaux mais à peine entrés arrivent un, puis deux, puis trois, puis quatre bonhommes, je ne sais pas qui ils sont mais je reconnais le vieux haineux, et ils ont tous l'air déterminé, le bébé se présente mal. Marilyn qui avait presque réussit à calmer les esprit et à convaincre la princesse est contrecarrée par ces corbeaux qui jettent de l'huile sur le feu et invoquent les morts, la tradition et les ancêtres comme on joue au tiercé. Le ton monte, la princesse Charlotte sort de ses gonds, Marilyn aussi, moi j'aurai bien envie de distribuer des beignes à ces gens qui me parlent de respect et me disent ouvertement de reprendre l'avion et de rentrer chez moi. Lorsque l'on sort de la maison, Charlotte dit à Marilyn de reprendre ses cadeaux, nous sommes au bord du gouffre, Marilyn est en larme. Rien y fait, nous avons été instrumentalisé par une branche de la famille qui voulais reprendre du pouvoir face au clan du chef Milord, la propriété foncière de cette endroit n'est pas clairement définie et nous sommes en plein coeur dun champ de mines, Marilyn et Didier commencent à se faire du soucis pour la suite de l'opération et pour ma sécurité. Cela fait plusieurs heures que j'écris ces lignes pour vous raconter la palabre et demain il me faudra déraciner l'arbre que j'avais à peine commencer à planter. Je suis une nouvelle fois rejetté de cette rive, et je retourne une nouvelle fois à la case départ sans toucher 20 000 balles, je ne sais pas exactement ce qui va se passer maintenant mais comme on dit ici au Cameroun tout est possible !



A bientôt


Frédéric

mercredi 14 novembre 2007

Précisions pour un ami

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lundi 12 novembre 2007

Comment dire ? Acte 3 : Arborescence

Sous l'effet du rayon gamma qui pilonnait déjà depuis 36 minutes, la carapace du golgoth céda. Elle se fendit du sommet à la queue dans un déchirement assourdissant. De l'énergie dégagée, deux énormes blocs de terre s'effondrèrent sur eux même, en miettes, entraînant la bascule du colosse. Il roula sur le flanc et de la plaie, il libéra le germe. Dans l'élan de la masse, l'appendice se vit littéralement encastré dans le sol, implanté dans la terre.


J'ai rencontré une mama, une de celles que j'apprécie vraiment parce qu'elles comptent pour moi, elles ont jalonné ma vie, elles sont mes Diseuses de Bonne Aventure. Il y a tant de fierté et d'intouchable noblesse dans ces femmes que je me ressource à leur côté, c'est une cure de jouvence, non ? Mais celle ci je ne l'avais pas même imaginé, c'est une princesse. Charlotte. Elle est née en 1914, ça vous dit quelque chose ? C'est une héritière directe de la lignée Bwanga Koum. Elle se déplace avec une canne mais a des allures et des regards de jeune fille. Elle a les pommettes foncées et flétries, mais pour l'avoir embrassée je sais qu'elle a la joue tendre et soyeuse d'une vraie mama. J'arrive à l'improviste et en quelle compagnie ? Cela l'irrite beaucoup, elle me regarde de ses yeux bleus et me signifie mon impolitesse, "je t'avais dit de m'appeler avant". Je baisse la tête et lui demande pardon. Je présente la maquette et les photos du projet.



Immédiatement le processus s'enclenche, un cataclysme. Comme le frisson qui provoque instantanément une chair de poule à la surface de la peau, les fibres du germe se sont effacées par endroit en de multiples bâillements. L'échange osmotique peut commencer. N'allez pas croire qu'il s'agisse de vannes, de bielles ou de pistons, il n'y a rien de mécanique en ce sens. La matière se transforme elle même, elle modifie l'équilibre fondamentale de sa structure, et en temps réel. C'est justement là que généralement la mécanique est en panne.



Charlotte pleure. C'est que je suis venu à l'improviste en compagnie de Marilyn Douala Manga Bell, princesse elle aussi mais d'une autre branche maîtresse de la famille. Jadis les aïeux de ces deux femmes, deux frères, se sont disputés. Le conflit est né de la divergence de leur point de vue quand à la gestion du problème "blanc". L'un a décidé de signer des traités avec le colonisateur, et l'autre non, jamais. Celui là s'est établi sur la rive du fleuve où nous nous trouvons, à Bonabéri, plus exactement à Bonambapé, s'opposant toujours jusqu'à l'édification même du pont. "La nuit certaines forces défaisaient ce que les ouvriers bâtissaient en journée...". Et ces forces là, on les invoquait où hein ? J'vous l'donne en mille : sur le site du grand baobab de Bonambapé, bingo ! Il se trouve que celui des deux frères qui avait opté pour le dialogue a été trahit par les blancs, il se révoltera allant jusqu'à faire entendre sa voix en Europe en la personne de son secrétaire Ngosso Din. Celui ci sera arrêté puis reconduit à Douala pour y être pendu au côté de son chef. Ce chef est le père de l'esprit indépendant Camerounais, le Che local : Rudolf Douala Manga Bell, l'arrière grand père de Marilyn.






Maintenant que tous les pores ont éclos, une multitude de radicelles informatiques se circuitent, augmentant d'heures en heures la qualité et la rapidité des échanges. Lorsque le milieu est propice on se développe et on pousse, aspirant les nutriments à pleines lampées, lorsque le sol s'appauvrit la veine est peu à peu délaissée et l'énergie redistribuée vers les zones prioritaires. Les rayons gamma qui continuaient de darder donnent le coup de grâce et cette fois la carapace explose libérant de la sous couche éclatée, une autre technologie.


Le rendez vous du Vendredi 2 Novembre est un acte manqué, merde. Il y a conflit larvé entre le pouvoir traditionnel et le pouvoir administratif, le maire et ses principaux adjoints n'ont pas directement leurs racines sur cette parcelle de terre. Les chefs traditionnels ne peuvent pas accepter de se réunir tous sous le toit de la mairie, l'idée même de les avoir convié là est une ânerie, chié, je comprends trop tard. Sur les 17 personnes invitées aucune n'est venue. Mais le maire me reçoit tout de même avec sagesse, il me donne son accord de principe et s'en remet à la décision des chefs pour l'établissement du lieu de l'implantation.



La photosynthèse, ou l'art de fructifier la lumière par alchimie de filtres, m'a conduit sur les montagnes pelées de Socaver. En compagnie d'Achille et de Jules, sous la flamme impitoyable du soleil et toute une journée durant nous avons ramassé l'épice. Dans ce désert improbable, sur les dunes de tessons, nous étions seul à cueillir la silice, les autres la déversait par camions entiers, mais à main d'homme. Le verre pilé est comme un animal qui peut mordre, mais si on le manipule avec délicatesse, il ne vous blesse pas et se fait chat. Morceaux par morceaux nous avons rempli dix sacs, dix sacs de joyaux, dix sacs de pierres précieuses, me voici Ali Baba. Il y a, encore bruts et sales certes, de merveilleux cailloux. Le topaze et l'ambre, le grenat, le diamant, l'olivine et, majestueux, les émeraudes. Sans mentir, j'ai sur la table de mon salon des émeraudes bruts de plusieurs kilos, et je les ai eu honnêtement et gratis, enfin presque...






Lundi 5 en début d'après midi je rencontre enfin le chef Bellé Bellé, Milord, pour une présentation qui devrait nous permettre d'obtenir son accord. Il semble ne s'agir là que d'une confirmation. Mais les choses me dépassent et vous l'aurez compris le chef me tient un tout autre discours que celui espéré. Il y a en terre à cet endroit des forces d'une insoupçonnable puissance qui ne sauraient souffrir d'une présence...artificielle. J'encaisse le coup, groggy, je réalise et assimile rapidement l'étendue de mon impudence et l'enchaînement des erreurs de stratégies. Comment lui dire que je sentais ces forces ? Comment dire que celles qui m'animent et m'ont conduit jusqu'ici forment encore l'éclat le plus sincèrement pur de mon regard ? Comment ne pas être pris pour un menteur, un fauteur de troubles ?



J'ai rencontré Fabien, un malin celui là, avec sa cousine, ils me montrent le quartier Bonassama, je suis à la recherche d'un terrain. Je vois le bidonville et l'autoconstruction, j'entre dans une maison, je suis accueilli par de grands yeux d'enfants. Ici, il y a moins de 10 ans, il n'y avait que de l'eau. le quartier est construit sur des déchets de bois entassés, provenant de la plus grande scierie du coin. Ces peaux de fibres végétales ont fini par constituer un sol, un humus sur lequel les cabanes fleurissent comme de gros champignons, mais pas les mêmes que chez nous, ceux là sont biodégradables. A la terrasse d'un circuit je leur présente le projet, je mange du taro et de la sauce jaune avec les doigts. On traverse le quartier puis on se rend à la limite Ouest de la ville, Fabien me dit que c'est un passage obligé, que si l'arbre est implanté là, tout le monde le verra. Moi je n'y crois pas, mais le taxi nous laisse et nous marchons sous un soleil de plomb le long de cette sorte de route 66. Je ne comprends pas ce qui m'amène ici, jusqu'à trouver les fleurs du mal. Sur le bord du chemin gît une floraison immortelle, une mousse de polyuréthane jaune soleil à deux branches au bout desquelles se sont développés 4 gros pétales souples et 4 étamines. C'est la fleur résiduelle d'une coulée de semelles de tongs chinoises. Je la prend en main et cherche sa provenance. A quelques pas de là, la fumée d'un feu de brousse et un champ de ces fleurs : tout un tas multicolore. Mon sang ne fait qu'un tour, il y a trouvaille. Enhardi par la découverte je sors mon appareil et immortalise l'instant, magnifique ! je me précipite à l'assaut de cette prairie, il y a de l'image à faire ! Je numérise. Jouxtant immédiatement le champ des fleurs de plastiques bariolées, une autre étendue plus plate, monochrome couleur de terre, n'avait pas de suite attiré mon attention. Ce sont des centaines, des milliers, de chaussures et de semelles, un tapis de godasses mêlées à la boue, excité je numérise. Mais voilà le poison. Un homme sorti de là arrive en hurlant : "qui êtes vous donc ? Vous croyez pouvoir débarquer sur la propriété des gens et filmer sans même demander l'autorisation ? Qui êtes vous donc ? Ça ne se passera pas comme ça, suivez moi ". L'homme nous conduit vers sa maison, je range à la hâte dans ma poche l'objet du litige, l'oeil illégitime. Fabien prend les choses en main, il me dit n'entre pas. S'en suit une querelle Camerounaise, je m'en veux, je croyais que c'était une décharge, mais c'est moi qui n'en avait pas pour pénétrer le lieu, merde. Nous coupons court, le type a pris la fièvre de l'or blanc, mais je ne suis pas son homme, on s'en va sans pénétrer sa demeure. Après quelques mètres et comme assommés par l'aventure et par le soleil, nous traversons la route et reprenons le taxi en sens inverse, direction : le grand baobab, je veux le revoir, c'est là que je dois travailler. La torpeur m'envahit, il y a près de 20 minutes de route, je m'endors. Le taxi nous laisse, je retrouve mes esprits, et un violent doute m'envahit, je palpe mes poches, j'ouvre mon sac, plus de caméra. Je suis sonné, que m'arrive-t-il ? Moi qui ne perd jamais rien, quelle est cette subite sorcellerie? En continuant ma fouille j'aggrave mon cas, plus de téléphone non plus, ils sont tombés de ma poche dans le taxi, mais il est déjà loin. Que faire ? Fabien attrape une moto, l'enfourche dans la seconde et se lance à la poursuite du véhicule. Il le rattrape, fait débarquer les passagers et les fouille, interroge le taximan, plus de caméra. Ils reviennent sur place le téléphone est là entre le siège et la portière, mais la caméra a disparu. L'histoire est encore longue et je m'embourbe, mais il faut se rendre à l'évidence, vous n'aurez plus d'images, enfin plus de cet oeil là.



Je connais un ingénieur qui étudie des modèles structurels basés sur les schémas de rupture de la matière. Il part du principe qu'une ligne de rupture donne à voir le chemin le plus naturel du passage des forces dans un milieu. Les branches d'un arbre ne sont pas que les membres atrophiés, difformes, et désespérément tendus vers le ciel d'un être primitif et lent. Les branches d'un arbre donnent à voir les invisibles et tortueuses veines du milieu aérien. Elles développent des terminaisons spéciales, des filtres photosensibles qui captent la lumière. Elles se lovent dans les fissures de l'espace et du temps, elles témoignent, elles archivent.


Nous sommes aujourd'hui le Lundi 12 Novembre, et je ne sais pas encore si je vais réussir à suivre les veines invisibles qui strient l'air de Douala, à sentir mes racines s'enfoncer dans sa terre. Je ne sais pas encore où en est la palabre des dieux et des hommes ni quelle sera leur sentence mais elle a commencé il y a déjà un temps. J'ai découvert qu'au delà de l'objet, au delà de sa matérialité, l'arbre était une figure en creux. Il délimite un espace, il se déploie presque symétriquement de bas et de haut et rassemble le ciel et la terre par catalyse lumineuse. Il contient le savoir et dessine l'abri, il est l'Architecture et en possède tous les ordres.

A bientôt

Frédéric

mardi 6 novembre 2007

De l'eau au moulin

Comme je vous le disais hier, je suis coupé du monde ou presque depuis mercredi, et j'aurai mille choses à vous faire partager, notamment de sérieux rebondissements dans l'affaire de mon arbre qui, s'il n'a pas encore sorti le moindre germe de terre, commence à présent à sérieusement susciter la palabre....

Mais je jubile de vous faire attendre encore, à l'heure de l'immédiateté informatique, pour vous soumettre un texte que j'avais écrit assez spontanément dans la nuit de mercredi, suite à une bonne soirée Rue de la Joie. Voici donc "de l'eau au moulin"...



Vous connaissez, la théorie des noeuds ? Moi non, mais j'en connais des, un peu potaches, que l'idée même d'une théorie qui porte sur les noeuds, fera sourire, et même mourir de rire. Mais mon propos, présentement, ne cherche pas à vous perdre en ces zones marécageuses. Il se trouve que je sors juste d'une discussion épique où Lionel Manga, que vous connaissez maintenant, cherchait à faire comprendre à ma conscience toute occidentalisée, quelque chose qu'elle entendait, je pense, déjà fort bien depuis toujours, sans que personne ne lui ai jamais dit. Figurez vous qu'un pêcheur Sawa, par exemple, (au fur et à mesure de mon séjour j'apprends des choses qu'il est parfois bon de vérifier, car je pêche...mais d'inculture et je commets de grossières erreurs dans mes écrits, comme entre autre, la date de la dévaluation, bref...), un pêcheur Sawa donc, (Sawa désigne les peuples de l'eau), qui passe une partie non négligeable de son existence à repriser ses filets, à faire des noeuds, travaille tout à fait sérieusement, activement, physiquement dans sa chair, intellectuellement aussi dans l'alchimie de son cerveau, je dirais vitalement, à des questions de topologie. Topologie : c'est à dire a priori en connexion universelle directe, en relation étroite, avec la frange la plus éclairée, la plus concrètement complexe des mathématiques contemporaines, sous entendu du monde des lumières. Certes un pêcheur Breton ou Corse me dira, et à raison, qu'il n'est pas besoin de naviguer à l'équateur pour savoir ça, mais l'Afrique des "sous", qu'il soit question de développement, de dettes, de culture ou de lumen, n'a pas eu l'habitude, je dirais même n'a jamais été élevée en ces termes. Ca veut dire quoi ? Que le pêcheur Sawa connaît intrinsèquement, d'expérience, de pratique, ce que l'autre couche sous forme d'équations, il n'est pas, de nature, un "sur" et un "sous" là dedans, il est peut être simplement des modèles plus adaptés, plus efficaces, selon l'environnement et l'époque. Mais si l'on se refuse, (c'est humain), à comparer, à juger, on dira simplement qu'il faut avoir soit les oreilles bouchées, soit l'ouïe aiguisée, c'est selon, pour ne pas entendre cette évidence. Je veux dire que les mathématiciens, ou les physiciens du monde, confrontés à des problèmes non solvables dans un certain repère de l'espace et du temps, n'hésitent pas à en changer, inventant pour ce faire de nouvelles axiomatiques plus efficaces et plus à même de modéliser le réel. C'est ainsi par exemple que dans l'univers des nombres imaginaires il sera possible de trouver une racine carrée négative... je ne sais pas bien ce que ça implique, mais d'un point de vue poétique c'est tout à fait pertinent, j'achète !
Comment traduire, transcrire, transcoder, entendre, comprendre, pour le salut de l'humanité s'il vous plaît, ce que l'histoire, notre histoire, a passé et passe encore, des générations à piller, bafouer, violer et écraser ? Comment faire en sorte que l'acquis inestimable, pour notre planète et pour les mathématiques modernes, lié au savoir faire du pêcheur Sawa ne disparaisse pas purement et simplement dans le Wouri ? (Question pour laquelle on trouve une réponse aujourd'hui évidente et presque universelle, concernant la baleine bleue ou le grand Tétra). Comment remercier la contribution efficace d'un Yann Arthus-Bertrand ou d'un...Kffffffffffffffouuuuuuuuuuü...Nicolas Hulot, qui nous éclairent à grands renforts de projecteurs sur l'âme de la forêt ou le peuple de l'herbe, quand on a tout simplement massacré tout ceux qui pouvaient nous apprendre à dialoguer avec ces princesses Mononoké et Nausicaa ? Comment s'attendrir aujourd'hui, hypnotisés et imbéciles que nous sommes, face aux publicités des plus grands escrocs de tous les temps, en costumes de notables, qui nous servent du couplet environnement à longueur de pages glacées recyclées, depuis...euh...6 mois et pour finalement nous vendre des godasses, une bagnole ou des centrales nucléaires ? Sous quelles lourdes croix de missionnaires a-t-on fait taire les dieux sauvages de la forêt ? Quel visage d'enfant n'a t-on pas perverti a coup de logo Nique (k) ?


Pourtant, malgré les apparences, je ne suis pas né de la dernière pluie équatoriale et je respecte trop Don Quichotte pour le singer en courant les moulins, je suis comme tout le monde, et je préfère un bon film à une histoire de noeuds dans un bouquin auquel je n'entend rien. Vous avez vu comme moi Star Wars ou Le seigneur des Anneaux ? Eh bien je sais qu'il y a des temps où les troupes se rassemblent, où les rangs se resserrent autour des vieux sages, sous les grands arbres. Il y a des moments de l'histoire où les Elfes, les Nains, les Humains et même les Ents et les Hobbits retrouvent un langage commun et s'accordent. Parce que c'est nécessaire, parce que c'est le seul moyen. Parce qu'il n'existe plus aujourd'hui un seul centimètre carré de cette terre ou l'on pourra aller se planquer....

Tiens, j'avais pas vu la réunion du 17 Octobre de Luiz Inacio Lula (Brésil), Manmohan Singh (Inde), et Thabo Mbeki (Afrique du Sud), c'était écrit en petit, en bas, dans la marge, faut dire que y'a d'autres actualités plus importantes, tout d'même Nicolas et Cécilia....

A bientôt

Frédéric

lundi 5 novembre 2007

Coupure ombilicale

Bonjour à tous,

Tout d'abord je voudrais souhaiter la bien venue au monde encore toute fraîche d'un petit Mathias, et d'une petite Lovasoa, welcome à eux.
Ensuite je voudrais évoquer une autre coupure ombilicale qui explique mon silence depuis mercredi dernier. Figurez vous qu'une bonne partie de l'Afrique et une très grosse majorité de la population Camerounaise est coupée du monde de la toile, depuis ce mercredi. En cause, difficile d'en avoir le coeur net, mais il semblerait qu'une fibre optique sous marine ait été sectionnée, et que la répération sera peut être très longue...? Toujours est il que là ça marche, mais que je n'aurais d'autres loisir que de vous dire ceci.

Je vous salue donc et vous donne rendez vous très bientôt pour vous en dire plus.

Tchao